Après le combat...

Juste après le combat contre Fanny, l'homme emmena Baïka près du phare puis la détacha. Il lui donna quelques tapes d'une manière assez sec sur la tête pour la féliciter de ce qu'elle venait de faire. Baïka n'aimait pas trop ça mais elle fit mine d'ignorer.

"C'est bien ma belle, j'espère que tu feras mieux la prochaine fois..."

La prochaine fois? Mais quelle prochaine fois? Il était vraiment louche cet homme là. Et faire mieux, que voulait-il dire par là? Aller jusqu'au sang? Tuer? Il fallait que la chienne parle à la louve bleue très rapidement. Dans quel pétrin c'était-elle encore mise?

Observant l'homme s'éloigner d'un pas déterminé, elle su qu'il allait chercher Fanny. Elle fit la désintéressé mais ne perdit pas la scène des yeux pour autant tant que l'être à deux pattes était dans son champ de vision.
Lorsqu'il revint avec sa louve bleue, il lui ordonna de laisser Baïka tranquille puis s'en alla vaquer à ses occupations.
Il faisait assez froid ce soir là. Un orage menaçait le phare et le vent faisait danser la fourrure de la louve dont la petite batarde surveillait les mouvements.
Après quelques instants, Fanny partit par un chemin qui apparemment menait au bord de mer. Baïka la suivit.

Elle avait bien entraperçu la chienne, mais elle n'était pas sûre de savoir quoi lui dire. Avait-elle réellement le droit, cependant, de refuser une conversation pour s'expliquer? Baïka était une petite nouvelle qui se retrouvait, comme elle un an plus tôt, coincée dans un endroit cauchemardesque et dans un endroit où elle ne comprenait plus rien. C'était même à se demander s'il y avait un sens à la vie. Si d'ailleurs, il y avait une vie, ici.

Les épaules voûtées, Fanny marchait à bon rythme, ne se retournant guère malgré le fait que l'odeur de la chienne l'avertissait sans cesse qu'elle était sur ses pas. Qu'aurait-elle dû faire? Se retourner? Et après? Gronder, avertissant Baïka que la conversation était refusée? Lui sourire et papoter, mine de rien?
Fatiguée par toutes ces histoires, le coeur gros et les yeux qui piquent, la louve bleue accéléra le pas pour arriver enfin au bord du rocher. Hormis la fine pluie qui l'avait rendu glissant, elle s'aventura jusqu'à son extrémité et se laissa tomber allongée. Une fois sa tête sur une patte, l'autre pendant dans le vide, elle observa la mer, l'horizon, le lointain où des vies avaient un avenir, contrairement à ici.
La petite chienne avait déjà fini de descendre le sentier et ne tarderait plus à lui parler, sans doute, à moins qu'elle tentait de l'espionner. Quand la louve sentit que Baïka était assez proche, ce fut d'une voix faible et couverte par les eaux qu'elle demanda pardon:

"Je suis désolée."

Elle l'avait suivit à distance convenable. Baïka ne voulait pas que la louve se sente comme provoquée. Arrivée à la fin du sentier, Fanny semblait pensive et des murmures d'excuse retentirent aux oreilles de la chienne. Cette dernière s'assit et soupira bruyamment. Un bruit assourdissant de tonnerre dissimula le silence qui régnait.
Sans rien dire, la chienne s'avança un peu plus s'en trop savoir ce qu'elle allait vraiment faire ou dire. Elle se rassit puis observa l'horizon. Un éclair vint illuminé le ciel sombre et voilé de nuage ainsi que la mer dont les vagues se déchainaient de plus en plus.

"C'est beau ici."

Elle se sentait gêné face à la louve. Aucune d'entre elles ne pouvait ignorer qu'elles sortaient de l'arène où elles avaient dû combattre pour l'homme.
Baïka pensa soudainement à quelque chose. Comment cela ce serait-il passé si elle n'avait pas rencontré Fanny avant? Elles auraient probablement eu moins pitié l'une de l'autre. Chassant rapidement ces pensées de sa tête, elle regarda la louve, chose qu'elle n'avait pas trop osée faire jusqu'à maintenant.

"Tu n'as pas à t'excuser."

Elle dégagea un sourire au coin puis continua en scrutant l'horizon.

"L'homme semble de prêter beaucoup attention à toi..."

(joli le nouvel avatar!)

"Malheureusement!"

La réponse avait fusé, mauvaise.
Elle n'en pouvait plus, d'ailleurs, des petites intentions de cet homme mauvais. "Ma fille", "ma belle"... Elle lui aurait bien fait recraché ses mots en plantant de toutes ses forces ses crocs dans la chair, de n'importe quelle partie du corps, de cet homme, de ce chasseur. Il lui avait volé sa vie, volé sa mère, sa liberté.
Tremblante de rage, elle attendit que les soubresauts et frissons qui la secouaient ne s'apaisent avant de se relever et de tourner un regard qui se voulait neutre, mais qui était emprunt de haine, vers Baïka. Celle-ci semblait avoir fixé le large, et était proche du rocher. Si ça n'avait pas été son amie, cela aurait été naïf voir suicidaire de s'approcher autant d'elle dans un endroit où un coup de patte bien placé projeté des êtres sur un rocher pour leur donner la mort.
Secouant la tête pour rejeter l'idée d'une Baïka sanguinolente et gisant sur un banc de sable noyé par l'eau, elle s'assit face à elle et l'observa quelques instants, le vent secouant son pelage et permettant de ne pas laisser planer un silence stressant, mais son cri aigu.
Puis, quand elle jugea avoir trouvé les mots, elle confirma ses excuses:

"J'ai bel et bien à m'excuser, tu sais. J'ai faillis te porter la mort. J'aurais pu, voir du. L'homme prête si attention à moi parce que..."

Elle tourna le regard sur le large, derrière elle, les yeux humide; puis soupira. Lorsqu'elle se tourna de nouveau vers la bâtarde, son regard insistait au sol.

"... je suis l'élue. Il m'a choisit pour mener une bande de chiens galeux sur des villages entiers et détruire toute espèce de vie. Je suis là pour tous vous tuer, et c'est un coup de bol qu'il ait accepté de ne pas me laisser te tuer. Je m'excuse parce que... je... J'n'ai pas le courage de mourir et... au lieu de ça... Je me bats de toutes mes forces pour... assassiner des gens..."

Son regard devenu sombre et voilé par ses larmes laissa couler une goutte, puis se reporta vers la forêt. La pluie, qui commençait à tomber, cachait la larme qui lui avait échappée en marquant le sol de plusieurs traces.
Elle eut du mal à respirer, les sanglots lui nouant la gorge et sa poitrine secouée par la tristesse. Elle jeta un dernier regard à Baïka et se demanda si sauter dans la mer n'était pas une solution, si la petite chienne ne lui donnerait pas ce courage.

"Je suis désolée... Je crois que... je ne suis pas du tout le type d'amis que tu devrais te faire au phare..."

(merci ^^)

Baïka resta bouche bée. La louve bleue qui avait été si mystérieuse jusqu'à présent lui avait avouer le terrible poids qu'elle portait depuis son arrivée au phare. La chienne admira son amie pour sa franchise. Il faut dire que ça ne faisait pas longtemps que les deux canidés s'étaient rencontrées. Ça avait dû être dur de lui dire ça mais elle avait tenu le coup.
Pourtant, Baïka se sentait assez bien en compagnie de Fanny, et bien que cette dernière lui avait dit qu'elle était une tueuse, la bâtarde se sentait en sécurité avec elle.
Elle inspira quelques bouffées d'air et brisa le silence qui régnait :

"Tu aurais dû me tuer, certes...Mais tu ne l'as pas fait..."

D'un regard innocent et amicale, elle observa la louve.

"Tu aurais pu être sans pitié dans l'arène. Inconsciemment, peut-être, tu m'as accepté comme amie et j'en ai fais autant. Et puis, tu n'as pas choisi cette vie...Tu n'as pas choisi d'être une tueuse. C'est l'homme qui choisit pour nous."

La chienne fixa de nouveau l'horizon. Elle évita de poser certaines questions idiotes pour ne pas faire perdre patience à la louve. Elle ferma ses yeux et leva la truffe vers le ciel laissant la pluie couler le long de son museau pour profiter de ce moment de semi-liberté. Inquiète sur son sort, elle ne pu s'empêcher de demander la chose suivante :

"Tu crois que moi aussi je vais participer à ces massacres? "

[beuh? Tu me fais quoi là? C'est quoi cte larmichette?!]

Fanny baissa les oreilles, n'osant trop répondre. Certes, ce que Baïka avait dit l'avait consolé. Elle ne s'était pas imaginé devenir amie si vite avec une nouvelle arrivante. Et une chose était plus que vrai: on l'avait jeté dans cette vie sans demander son avis... et ça, elle le ferait regretter un jour à cet homme! Ce maudit chasseur qui avait prisonnier plusieurs innocents contre leur gré, qui avait tué, massacré... Sa réponse se faisant attendre, elle remarqua que Baïka semblait vraiment perturbée. Alors, comme la chienne avant elle, elle tenta de la consoler:

"Je peux te dire que tu n'y échapperas pas, c'est sûr. Personne ici n'a pas eu à faire de combats... Cependant, tu peux toujours faire semblant si ce n'est pas un tueur en face de toi. Tu peux toujours faire croire des choses, comme tout à l'heure. Tu n'es pas obligée de devenir un chien assoiffé de sang. Ce dont tu es obligée ici, c'est de te faire respecter. Je t'aiderais."

Elle lui sourit. La louve n'aurait jamais songé prendre une jeune chienne sous son aile et la voilà qui le lui disait avec le sourire, ça lui faisait bizarre. Une tueuse sanguinaire qui défend une jeune innocente. Baïka lui ressemblait quelque part... tous, en fait, partageait un point commun: celui d'être ici sans le vouloir. Pour Fanny, son esprit n'était pas là, il était dans la forêt avec ses frères de sang, et parcourait les terres au pas de course. Sans doute était-ce la raison qui faisait qu'elle s'en sortait.

"Je te protégerais, Baïka. On s'aidera."

La pluie fine était rafraichissante sans être désagréable, ce qui était tout de même rare. Cela faisait du bien, beaucoup de bien! Elle imita le geste de la bâtarde et leva le museau vers le ciel, l'eau coulant le long de sa gorge. Sortant la langue, elle s'abreuva de l'eau de pluie et se tourna vers son amie avec un grand sourire sur les babines.

(parce que j'avais pas de réponse XD, c'est vraiment devenu désert ici ^^''c'est bien dommage)

Ses oreilles pivotèrent pour écouter la louve et son regard se fixa sur elle. Une fois qu'elle eut fini, Baïka baissa la tête. Le sourire de la louve lui avait fait chaud au cœur. Elle avait trouvé quelqu'un sur qui compter. Elle n'aurait jamais cru qu'un jour une louve serait son amie et pourtant...
La chienne lui rendit son sourire mais elle avait un peu peur de ce qui pourrait arriver. L'aide de la louve lui sera précieuse et elle fera de son mieux pour lui rendre la pareil.
L'homme était mauvais et de nombreux canidés étaient cruels ici. Elle savait se battre, certes, mais face à un chien mâle expérimenté pour des combats, elle n'avait pas beaucoup de chances. Il ne faudra pas qu'elle joue sur la force mais sur la ruse si elle voulait s'en sortir.
Sortant de ses pensées, la bâtarde se leva et s'ébroua.

"Un jour, on l'aura ce deux pattes"

Sans attendre de réponse, Baïka inspira une grosse bouffée d'air puis regarda le chemin par où elle était arrivée.

"Et si je ne me fais pas respecter?"

(aww désolé, le fow devenant mort, ça me déprime d'y aller u_u)

Fanny sourit lorsque Baïka se leva, convaincue qu'elles auraient le dernier mot de cette histoire et qu'elles tueraient cet homme. Si la chienne pouvait être sûre d'une chose, c'était bien de ça: tous les chiens voulaient la mort du chasseur et un jour, ça arriverait... Mais quand? Et comment? Mourir de vieillesse ou d'une maladie pouvait prendre des années de meurtres et de chiens perdus... Il fallait que ça soit un des chiens du phare qui lui donne le coup fatal...

Inspirant profondément, la bâtarde regarda le chemin d'où elles arrivaient. Déjà l'heure de repartir? u_u" Sans doute perturbée, douteuse ou inquiète, elle posa la question du respect... Fanny faillit ricaner mais soupira à la place. Le respect? Ici, personne n'en avait pour personne -sauf Dark et elle parfois...

"Ici les chiens ne respectent que ceux qui sont supérieurs à eux. Tu leur mets la pâtée et ils te foutent la paix. Il n'y a que Dark qui n'a pas besoin de bouger pour qu'on le respecte, vu sa taille, personne ne prend de risque. Evite-le au maximum, c'est un conseil. Il n'a pas que la force, il est aussi mauvais..."

*Il a l'odeur aussi x)*